Histoire, mémoire, justice: regards croisés Espagne /Amérique latine

 Dans le numéro 70 d’avril-juin 2003 de Matériaux pour l'histoire de notre temps intitulé Espagne : La mémoire retrouvée (1975-2002), Danielle Rozenberg, sa coordonnatrice, soulignait l’importance du vote par le Congrès des députés, le 20 novembre 2002 –jour anniversaire de la mort du général Franco– de la déclaration qui condamnait « le soulèvement militaire du 18 juillet 1936 ». Dix ans après, alors que l’expression « mémoire historique » s’est imposée et que des milliers de pages ont été écrites, les Espagnols n’en ont pas fini avec leur passé. La Loi d’amnistie de 1977 leur a permis de vivre à nouveau ensemble dans un système démocratique, ce qui était la priorité mais, pour y parvenir, les violences du régime né d’un soulèvement militaire n’ont pas été abordées de front. À la mort de Franco en 1975, l’urgence était la libération des prisonniers politiques et le retour à un système démocratique en évitant tout retour aux affrontements du passé. La Guerre civile, puis la répression impitoyable qui a suivi, avaient ajouté de nombreux cadavres aux exécutions sommaires de l’été 1936 sans parler des morts de la Seconde Guerre mondiale. Pendant presque quarante ans, le franquisme a dû s’adapter pour survivre et intégrer les grands organismes internationaux, proposant des changements de façade tandis que le clivage vainqueurs/vaincus se maintenait. Ni la Transition démocratique ni la loi sur la mémoire historique –dont débattent plusieurs auteurs dans ce numéro– n’ont apporté la réponse attendue. L’oubli qui frappait le sort des « disparus » a poussé les associations et les familles à se tourner vers la Justice.

Sommaire de ce numéro :