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Fulvio Tomizza et l’anabase de la «Trilogia istriana»

Actis-Grosso Maurice

Publié le 10 décembre 2018 Mis à jour le 10 décembre 2018

Ravenna, Giorgio Pozzi editore, 2014, 320 p.

Entre épopée et élégie, «l’homme du doute» que fut Fulvio Tomizza prend acte du compromis historique istrien de la décennie 1945-1955 pour le transformer en pari littéraire. Il élabore ainsi une trilogie romanesque qui met en scène une ascèse autant individuelle que collective. Une telle anabase narrative est inaugurée, dans Materada, par la fracture de l’exode et la charge éthique du souvenir de la patrie perdue inhérente au devoir de mémoire. Le travail de deuil et le dilemme identitaire de l’exilé favorisent alors la genèse d’un mythe ontologique originel substitutif du drame vécu. L’expérience diasporique, dans La ragazza di Petrovia, se concrétise ensuite dans la réalité du déracinement et des camps de regroupement en Italie, mais cet espace littéraire alternatif se nourrit en partie d’un persistant déni de réalité. Le double paradigme structurel de l’expérience chorale de la communauté istrienne et de la parabole existentielle de la protagoniste illustre donc simultanément le début de l’enracinement en exil et l’échec des phénomènes compensatoires de la perte et de l’absence élaborés par cette dernière. Cependant, ces tuteurs de résilience, propres à l’expérience exilique, s’expriment dans Il bosco di acacie, étape finale de l’évolution psychologique des réfugiés et prélude d’un nouvel enracinement. L’éclosion d’une identité hybride, en équilibre entre continuité ancestrale et projection identitaire nouvelle, se manifeste de la sorte dans la conclusion de la Trilogia istriana, illustration épiphanique spéculaire de la tragédie historique qui en est à l’origine.


2014 – 320 pages – Format : 15×21 cm
isbn : 9788896117446– Prix : 17€
Langue : français


Mis à jour le 10 décembre 2018